gc232 le Sam 20 Oct 2012 - 14:24
Dans ce métier, tout n'est pas parfait, tout n'est pas glamour, personne n'a dit le contraire.
Tenter de faire croire aux jeunes passionnés que bosser pour une low cost (puisque c'est plus ou moins ce dont il est question dans la vidéo) c'est le bout du monde, ca me fait doucement sourire.
Ca me rappelle une discussion avec un copi British Airways ayant quitté ma compagnie ... pour y revenir un an plus tard face a la réalité des "majors", le tout sur 737-400 ou tous les jours la consultation de la MEL était rendue obligatoire. Tout le monde n'est évidemment pas de son avis, malgré tout son avis valait le coup d'etre entendu.
Personnellement, on me disait "tu verras, l'engouement du début s'éteint tres vite", je dois dire que la passion pour le métier augmente de jour en jour.
Plus l'expérience augmente, plus elle permet de se sentir a l'aise et profiter pleinement du vol. Le métier évolue tres vite et de ce fait apporte un interet constant. Avec les heures de vol qui augmentent, les autorisations sont accordées au fur-et-a-mesure. Approches visuelles, décollages / atterrissages par fort vent de travers, etc ...
Malgré tout, on n'a jamais fini d'apprendre. J'ai un peu moins de 800h de vol sur 737 et j'ai encore énormément a apprendre sur l'avion et son fonctionnement.
On vole avec des pilotes différents, certains ont des parcours absolument incroyables et écouter leurs récits de vol sur DC3 au-dessus de l'Atlantique, c'est un peu comme lire un récit de Jacques Darolles ... mais en vol cette fois-ci, aux cotées d'une personne qui maitrise parfaitement sa machine et nous montre en direct des techniques différentes, le tout agrémenté d'anecdotes forgées par sa propre expérience. Captivant!
Si l'idée de partager une vision interne de ce métier me tient tant a coeur, c'est parce que je croise bon nombre de personnes qui se résolvent tres tot a mettre une croix sur une carriere de pilote, pour de multiples raisons.
Ces memes personnes auraient sans doute fait d'excellents pilotes, et bien que satisfaites de voler en aéroclub sur leur temps libre, gardent pour beaucoup un sentiment de regret. Regret de ne pas avoir tenté.
Alors bien entendu, il n'y a pas de place pour tout le monde, c'est la crise, l'aérien va mal, les conditions sont moins bonnes qu'avant et parfois tres difficiles, ... Tout un tas de choses qui s'appliquent a bien d'autres métiers par ailleurs.
Demain matin, mon réveil sonnera a 3h20 (du matin) et comme a chaque fois, je serai toujours aussi heureux d'aller travailler. 7h de vol, classique mais toujours aussi envoutant lever de soleil au-dessus des Alpes enneigées, avant d'attaquer une approche de non-précision (VOR) probablement terminée en visuelle si la météo le permet, sur une piste de 30m de large.
Chaque vol me semble plus marquant que le précédent et un an plus tard, je n'arrive toujours pas a qualifier cette activité de "travail".
C'est juste géant!
Pour ma part, environ 3 a 4 journées par mois se passent moins bien que les autres et la nécessité de faire face a des imprévus rend les choses beaucoup moins "agréables". Il s'agit parfois d'un simple collegue avec qui le courant passe mal.
A la fin du vol, le sentiment qui en résulte est - n'en déplaise a ceux qui pronent la modestie a outrance - toujours gratifiant.
En d'autres termes, ce n'est pas un métier qui décoit. On ne rentre pas chez soi le soir avec le sentiment d'avoir perdu sa journée, par contre on a des souvenirs pleins la tete.